El Hierro à l'horizon Un petit retour sur la petite île d'El Hierro, un peu plus de quatre ans après notre première visite. Apparemment, pas grand chose de changé dans le port de la Estaca. Il nous était apparu démesuré au regard du trafic maritime, un départ et une arrivée de ferry par jour. Nous le trouvons moins grand que dans nos souvenirs.

Parking d'embarquement Bien sûr, le parking d'embarquement semble bien vide...

Le hall de la gare maritime

La gare maritime offre beaucoup plus de places assises qu'il n'y a de passagers...Mais peut-être, un jour...

La gare maritime

La gare maritime 2

Et puis elle a de la gueule et les habitants de EL Hierro et leur visiteurs ont bien le droit de voyager dans de bonnes conditions.

Le bassin pour la pêche et la plaisance n'a pas changé non plus.

Amarrage à Puerto de Estaca S'amarrer le long du mur de béton avec seulement deux échelles pour monter sur le quai et un surplomb de 20 cm en partie haute du mur, avec deux mètres de marée, c'est un peu chaud! Il faut un peu de chance : temps calme, une échelle libre, et un peu d'habitude : habiller les amarres car le béton est agressif, les prévoir un peu longues si on ne souhaite pas trouver son bateau suspendu au quai lorsque la marée sera basse et enfin prévoir des part-battage bien ventrus pour éviter de se retrouver coincé sous le surplomb lorsque la marée monte.;-) Mais cela ne sera bientôt qu'un mauvais souvenir, le responsable du port nous l'a affirmé : dès le début mars 2015, les pontons flottants arrivent.

Nous avons donc de nombreuses raisons de revenir sur El Hierro : découvrir les pontons, visiter la côte nord-ouest que nous ne connaissons pas encore et enfin, suivre la montée en puissance de la production d'électricité renouvelable qui est la principale raison de notre visite.

Gaz, diesel et renouvelable

Le centre névralgique de l'énergie sur El Hierro : L'ensemble blanc sur la droite : La DISA, société qui distribue le gaz en bouteilles. L'ensemble vert, au centre : La centrale de production électrique diesel Le bâtiment gris clair sur la gauche : centrale de pompage et poste de contrôle du renouvelable. Derrière et au dessus de la centrale diesel se trouve le local des turbines et le bassin inférieur. En zoomant l'image, on aperçoit la partie supérieure du bâtiment des turbines, au dessu de la falaise rouge, à gauche du pylône.

Nous avions donc rendez-vous pour visiter les installations de productions électriques renouvelables mises en service depuis juin 2014 et encore en phase de lancement, montée en puissance. Éoliennes vues du large

Cinq éoliennes Enercon E-70 de 2,3 MW chacune et surtout une installation de pompage-turbinage de 11,32 MW. Il s'agit d'un mode de stockage de l'énergie électrique produite par les éoliennes.

schéma de la production d'électricité El Hierro Le schéma ci-dessus est extrait d'un article de « Systèmes solaires Le journal des énergies renouvelables" N°201 de 2011, PDF téléchargeable sur Internet Une S.T.E.P. (Station de Transfert d'Énergie par Pompage) Utilise l'électricité excédentaire pour pomper de l'eau d'un bassin inférieur vers un bassin élevé. Lorsque la production des éoliennes est insuffisante, l'eau redescend dans une conduite forcée et actionne une turbine qui entraîne un alternateur. L'eau emprisonnée dans le bassin supérieur « contient » l'énergie électrique produite par les éoliennes à un moment où la demande était inférieure à la production. Ce type d'installation existe depuis pas mal d'années et à plus grande échelle. L'originalité de l'installation de El Hierro tient d'une part au fait que l'île n'est pas raccordée à un réseau électrique extérieur et d'autre part à l'utilisation d'eau de mer préalablement dessalée. Le dessalage de l'eau de mer sur l'île de El Hierro représente une part importante de la consommation d'électricité et sera donc assurée aussi à partir de l'énergie éolienne lorsque le projet atteindra son régime de croisière. L'utilisation d'eau dessalée pour le pompage-turbinage, beaucoup plus coûteuse que l'utilisation d'eau de mer a été retenue pour deux raisons : d'une part cette eau est utilisée dans le système d'irrigation agricole et d'autre part, si une fuite se produisait sur l'un des bassins, les sols de l'île ne subiraient pas de pollution à l'eau salée.

Pompes

La visite a commencé par la salle des pompes : 6 groupes motopompes de 500Kw et 2 de 1500Kw permettent d'ajuster la puissance de pompage à la puissance disponible.

Salle des turbines

Ensuite, nous sommes allés voir le local des turbines. 4 turbines Pelton entraînent des alternateurs de 2830 Kw chacun soit 11,32 Mw au total.

Turbine

Ces groupes sont stabilisés en vitesse par des volants à inertie. Sur la photo, la partie bleue est la turbine, la partie rouge la plus volumineuse est l'alternateur et le cylindre plat rouge à droite est le volant à inertie.

Vue interne d'une turbine

Le bassin inférieur

Juste devant le local des turbines, se trouve le bassin inférieur. Plus petit que le bassin supérieur, c'est lui qui détermine le temps de turbinage maximum. Le turbinage lorsque le bassin inférieur est vide permet de produire environ 240MW.h soit environ deux jours de consommation électrique.

Débit avec une turbine en service

La consommation électrique de l'île et très variable : au cours de la journée entre 2,5 et 7,5 MegaWatt et en moyenne journalière au cours de l'année entre 4,4 MW durant les mois d'hivers et 5,1 pendant la saison touristique.

La puissance totale que peuvent fournir les turbines, 11,32MegaWatt est donc sensiblement supérieure à la consommation de pointe ce qui permettra de faire face à ces pointes même pendant l'arrêt d'un groupe pour maintenance.

Il en est de même pour les éoliennes qui totalisent une puissance nominale de 11,5MegaWatt qui peuvent fonctionner très en dessous de leur puissance nominale lorsque le vent est faible.

Éoliennes El Hierro

Nous avons terminé la visite par le site des éoliennes

Bassin supérieur

Bassin supérieur 2

et par le bassin supérieur aménagé dans une caldera à 650 mètres au dessus des turbines. La capacité de ce bassin, très supérieure à celui du bas, est destiné à l'utilisation agricole pendant les saisons sans pluie.

Comme déjà dit, tout cela est en phase de montée en puissance, la centrale diesel située tout près, assure encore une grande partie de la production d'électricité. Le nombre de salariés de la nouvelle société « Gorona del Viento El Hierro » est encore très insuffisant pour assurer la continuité de service. Les initiateurs du projet d'autonomie énergétique pour El Hierro ont eu besoin de plus de trente ans pour passer de l'idée à la construction de cet ensemble. Il reste encore du chemin pour le mettre en marche, le roder et prouver qu'ils avaient vu juste. D'autres étapes viendront ensuite : La consolidation du 100 % renouvelable grâce à l'énergie de la houle, La prise en charge de la mobilité sur l'île grâce aux énergies renouvelables.

La société mixte en charge de la conception de la centrale depuis 2004 puis de sa construction et de maintenant de sa gestion s'appelle Gorana de Viento. C'est pratiquement une régie insulaire de l'électricité où les intérêts de l'île pèsent 60%, ceux de la Région des Canaries 10% et ceux de la compagnie privée d'électricité espagnole Endesa 30%. Il a fallu lutter pour obtenir ce partage pour une gouvernance en large partie auto-gestionnaire. Endesa a accepté le marché mettant en avant son implication dans les énergies renouvelables, sans effet de serre, et dans le volet de la mobilité électrique. Le Bulletin Officiel espagnol a publié un décret spécifique pour la gestion de Gorona del Viento le 25 septembre 2013, un préalable au démarrage de ses services

Si vous souhaitez compléter votre information sur le sujet, voici quelques liens :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Centrale_hydro-%C3%A9olienne_d%27El_Hierro

http://objectifterre.over-blog.org/2014/05/analyse-du-cout-de-la-step-d-el-hierro.html