La sortie du Douro avec un houle de Nord ouest de 3m

Belle météo prévue samedi et dimanche pour entamer la traverser pour Madère ou Les Canaries, un bon vent NW, bien soutenu, pas trop fort bien quoi ! Deux jours pour filer vers le sud-Ouest et échapper au coup de vent de Sud prévu pour mardi . Mais cette météo ne sera pas pour nous, les autorités maritimes interdisent la sortie du port à tout bateau de moins de 15 mètres. La houle créé une barre qui peut être dangereuse. La sortie du Douro est délicate à partir de Novembre et il est possible d'y rester bloqué plusieurs semaines. Donc déçus nous surveillons la houle, la météo et l'autorisation de la police maritime avec la crainte de passer l'hiver ici car depuis que nous sommes revenus le passage n'a été autorisé qu'une seule fois et sur une courte durée . Ça y est, lundi possibilité de franchir le pas . On calcule, on recalcule, on consulte toutes les sources météo et dimanche soir on est prêt à partir mais sans certitude car la météo pour mardi n'est pas bonne. Lundi matin nous partons donc en direction du sud Ouest. Le vent est nul et il nous faut faire le plus de chemin possible au moteur pour nous éloigner et tenter de prendre un peu d'avance sur la météo suivante. Après 24 heures à veiller les casiers de pêcheurs, les cargos qui relient les ports du pays dans une houle de Nord-ouest qui nous balance bien, la fatigue est déjà là. Mardi matin, comme prévu, le vent de Sud commence à monter et la pluie se met de la partie. Nous réduisons la voilure, nous filons à l'Ouest et traversons les rails du trafic cargos avec le mauvais temps. Il sont gros et rapides !!!! C'est un petit coup d'angoisse à coup sûr! En bons petits navigateurs vaillants nous poursuivons notre route bien que celle-ci soit des plus inconfortable la mer est forte , nous naviguons au prés et la gîte est impressionnante. Nous perdons la deuxième latte de grand-voile. A la barre, l'inquiétude est toujours présente pourvue qu'une de ces vagues ne couche pas le bateau. Des creux de 5-6 mètres, un vent qui forcit à 35 nœuds avec des rafales. Les vagues submergent le pont du bateau et nous avec. Eau salée, eau douce, en alternance, en même temps et sans discontinuer. On trempe ! À l'intérieur du bateau tous mouvement est difficile ; ça gîte, ça saute, ça glisse, les objets se déplacent. Nous décidons avant la nuit de mettre le tourmentin à la place de la trinquette et de réduire à 3 ris la GV. Manœuvre que nous aurions dû faire plus tôt (ou dont nous aurions du nous abstenir). Lors de la manœuvre on déchire la chute de GV sur 1 mètre nous obligeant à l'affaler. Pour compléter le tableau la trinquette elle aussi se déchire sur sa bordure. Elle, on l'excusera, elle a l'age de Carriacou (20 ans) et elle a déjà parcouru quelques océans. Bref ça commence à faire beaucoup, nous sommes épuisés par les manœuvres sur cette mer déchaînée, le travail dans l'instabilité et le déséquilibre, les chocs qui s'ensuivent et le harnachement utile mais encombrant. Il faut faire vite, le bateau n'est plus manœuvrant, le moteur est trop faible pour lutter contre la mer et le vent. C'est ce moment que choisi un cargo pour arriver droit sur nous, nous ne l'avions pas vu celui-là ! préoccupés par nos voiles. René fait un appel rapide à la radio leur indiquant que notre bateau n'est pas manœuvrant et ça marche ! Il dévie sa trajectoire ouf ! Nous arrivons enfin à mettre le tourmentin en place et même à remplacer la Grand-voile par une ancienne que nous tenions en réserve, enfouie évidemment bien au fond du coffre sous tout notre chargement de choses lourdes dont l'annexe par exemple. Il est 5 ou 6 heure, mardi soir, le vent tombe et repasse au nord-ouest. Le premier point dur de la traversée s'achève... Malgré cette paix relative, nous sommes trop fatigués pour continuer. Si une autre avarie se présente nous nous mettons en danger . Résolution : retour vers la terre . Ce sera Lisbonne c'est le port le plus proche et on peut entrer sans problème par tous temps au port de Cascais (prononcer : "cachcaïch") . Journée sous la pluie permanente que René affrontera seul car Marie-Noëlle est hors service! Juste capable de préparer la tambouille (c'est pas mal déjà) et d'amarrer le bateau. Grande remise en question concernant notre capacité à naviguer, notre résistance à la fatigue etc.… Un peu « sonnés » Coup de blues, quoi! Une surprise nous attendait au port de Cascais : le bateau amarré tout à côté de nous est celui qui a quitté Porto deux heures avant nous, lundi matin, avec à son bord 4 valeureux jeunes gaillards qui ne craignaient pas d'affronter 35 nœuds avec un bateau en bon état (dixit le skipper) et qui se retrouvait bloqué ici avec semble-t-il un problème de génois. C'est pas gentil de se réjouir du malheur des autres ;-) mais dans notre situation, leur aventure nous a bien ragaillardis. Finalement, le grand-père et la grand-mère ne s'en sortent pas plus mal que d'autres... Un autre voisin de quai, Finlandais en route vers Madère a décidé, au vue de ces intempéries de passer l'hiver à Cascais et de remettre son départ au printemps. Une fois au port, une journée à dormir et se requinquer, une journée à sécher le bateau, vider les fonds (ah il en est rentré de la flotte!!!), s'occuper des voiles, réviser le moteur, il reste encore à réviser le gréement et à réfléchir à la suite de notre programme. Quelle bonne décision de rentrer au port : nous aurions pu avoir un problème avec le moteur. La courroie de l'alternateur devait être changée et la pompe à eau de refroidissement avait besoin de soins. Nous sommes en attente de ces réparations jusqu'à mercredi. Pendant ce temps nous réfléchissons à la suite de notre voyage. Repartir vers Madère ou les Canaries ? Repartir vers l'Espagne et le Guadalquivir, rester un peu plus à Lisbonne ? Nous savons que la saison pour traverser est passée mais si une météo favorable se présentait pourquoi pas ?