Paysage de La Graciosa

 Voilà un mois que nous nous la coulons douce sur les Canaries de l'est. Le temps passe très vite. La petite île de La Graciosa, au nord de Lanzarote, nous a offert 10 jours de repos au port de Caleta del Sebo pour se retaper une petite santé après la traversée depuis le Portugal. Vous ne le saviez peut-être pas, mais le vendredi 12 décembre était la journée de « EARTH HUG », autrement dit : embrassade mondiale. Je crois que c'est un événement organisé par des écolos américains. Il s'agit de remercier la terre pour ce qu'elle nous offre et que nous devrions préserver. J'aime les cactus N'écoutant que mon sens de la justice, j'ai considéré que tout ce que la terre produit mérite d'être aimé. Et sur La Graciosa, il ne pousse pratiquement que des cactus. Heureusement, pour les fous, la sécurité veille! La Graciosa est un tout petit village de quelques centaines d'habitants mais il y quand même un très joli petit musée ou nous avons découvert un squelette de dauphin :

et surtout le squelette de la nageoire d'un cachalot :

Qui croire? Darwin ou les créationnistes?

Déjà 10 jours de passés. Le farniente, la convivialité, on peut assez facilement se laisser prendre au piège, doubler les amarres et oublier qu'un bateau est fait pour naviguer. Certains n'ont pas l'air de se plaindre de ce piège.

D'autres sont toujours prêts à reprendre la mer. Même les petits bateaux sans moteur peuvent traverser les océans. Nous n'avons pas eu le temps de faire connaissance avec cet équipage mais leur bateau est très beau. Bon vent!

Punta Fariones En ce qui nous concerne, nous avons encore pas mal d'endroits à découvrir sur les Canaries, donc : le 15 décembre, nous prenons la mer, direction Arrecife sur l'île de Lanzarote. Petite brise de Nord-Est, les 30Mn seront avalés en quelques heures. La houle de NE est omniprésente par ici mais quand le bateau, le vent et la houle vont dans le même sens, les deux mètres de creux ne sont pas gênants. De plus nous pouvons naviguer sans l'attirail hivernal et c'est plutôt appréciable !

El puerto Naos, de Arrecife s'appelle maintenant « Marina Lanzarote. », elle vient juste d'être inaugurée, les finitions sont encore en cours. Tout confort, beaucoup de places, beaucoup de monde, beaucoup de bars, de commerces. On y est bien accueilli, le prix est raisonnable (15€/j pour un 10,10m), bien que nous ayons une petite préférence pour les coins un peu plus sauvages nous allons rester ici quelques jours et visiter un peu la ville et l'île.

La ville se prépare pour les fêtes de fin d'année : Noël avec ses sapins et ses crèches. Il y en a partout dans les magasins, dans les jardins publics, les services publics , les jardins privés, les espaces collectifs d'immeuble, les fenêtres... Au royaume d'Espagne après 40 ans de franquisme, la laïcité des institutions publiques ne semblent pas à l'ordre du jour;-) Il est marrant de constater certains lieux semblent résister...































près du port d'Arrecife, nous avons découvert une façon originale de recycler les fûts métalliques :

La matiere premiere La construction de barques tout à fait particulières. Au départ il s'agit d'un bidon de gros calibre qui découpé, se transforme en barque colorée et publicitaire. Nous avons vu des photos de ces barques sur l'eau avec des jeunes à bord. Il est fortement conseillé de savoir nager avant d'embarquer ! Le processus est bien rodé et il se décline en toutes tailles, du fût de 150 ou 200l à la canette de cerveza en passant par le bidon d'huile d'olive de 5 litres. Le processus 1 1 : Après avoir enlevé les deux cercles haut et bas, on ouvre le cylindre dans la longueur. Lamise en forme 2 : on aplati la tôle obtenue et on commence à la mettre en forme. 3 : La mise en forme se poursuit avec le clouage de deux carrelets de bois qui seront l'étrave et la poupe du bateau. Presque fini 4 : il ne reste qu'à peindre et à mettre à l'eau. Finition barques en fût Cet atelier est juste à la sortie nord-est de Arrecife, sur la route qui mène au fort San Juan, le musée des arts contemporains. Tout ça dans un décor de port industriel et d'anciennes salines.
































C'est juste un petit aperçu de ce qu l-on peut voir dans ce musée mais en Espagne, comme au Portugal, l'art est souvent dans la rue. On trouve de très nombreuses statues et peintures murales.


Lanzarote est une grande île. Il n'y a pas que  la côte : 8 Km de montée vers le nord-ouest depuis Arrecife. Nos vélos sont bien courageux ! San Bartolomé : ici, nous trouvons « el monumento del campecinos » créé par Cesar Manrique, grand artiste revenu vivre sur son île dans les années 70. Il a été conseiller des instance régionales en matière d'architecture et a créé de très nombreuses œuvres notamment de grands mobiles très colorés. Je n'ai pas de photos mais vous en trouverez facilement sur Internet. 

À San Bartolomé, se trouve également le musée Tanit. qui se déclare "musée ethnologique" car il expose une très grande quantité d'objets divers qui ont été utilisés par les insulaires. C'est un peu le capharnaüm mais on y trouve des trucs marrants :

Ça s'appelle "canari" comme aux antilles ou on retrouve presque les mêmes. Et oui, la traite des esclaves reliait les Canaries et les Antilles.

Lorsqu'un homme souhaitait déclarer sa flamme, il offrait la statuette mâle à sa dulcinée. S'il recevait la statuette femelle en réponse, cétait "oui". Un peu premier degré quand même... Vous remarquerez que les têtes sont du genre play mobil et que d'une certaine façon, il s'agit là d'une des toutes premières publicités mensongères.

Chaque dimanche à Téguise, au centre de l'île, se tient un marché. On pensait y trouver les agriculteurs locaux. Ils y sont bien, à côté de centaines de stands de cagades diverses made in china et dans les mêmes proportions que l'alouette et le cheval dans le pâté du même nom. Trop loin pour nos vélos. Cette fois c'est par le bus que nous voyageons. Téguise est quand même une petite ville très chouette avec de la musique, des musées dont celui du TIMPLE :

c'est une petite guitare à 5 cordes spéciale aux Canaries. Dans ce musée, nous avons également découvert ceci :

C'est un filtre en pierre, on le rempli d'eau et on récupère l'eau filtrée dans le réservoir du bas. Toute la surface de la pierre est humide et de petites plantes y poussent. Ces filtres sont placés dans les encadrements de fenêtre, comme ci-dessus ou dans des meubles ajourés :

ou au dessus de citerne dans les cours de bâtiment.Nous pensons qu'il ont en fait un double rôle : filtre bien sûr mais probablement aussi climatisation. Une partie de l'eau qui imprègne la pierre doit s'évaporer et donc absorber la chaleur ambiante.Nous n'avons pas trouvé la confirmation de cela auprès des personnes que nous avons interrogées mais nous pensons ne pas nous tromper.

D'ailleurs, nous avons trouvé deux diables à la recherche d'une climatisation.

Le vélo, c'est bien mais ça ne va pas très vite et c'est très fatigant. Le bus, c'est pas mal mais c'est bien difficile de trouver l'information quand on parle la langue Espagnole en ajoutant de O et des A à un charabia français. Donc, on essaie la location de voiture pour aller visiter le parc des volcans. Non ! Ce n'est pas vulcania !! Nous sommes aux Canaries ! C'est :

Timanfaya. Un immense champ de lave. La dernière éruption date de 1824. c'est assez spectaculaire et c'est à visiter. Peut-être en évitant les «usines à touristes » que sont les promenades en dromadaire, en autobus ou en 4X4. Un bon moyen pour échapper à ces univers concentrationnaires, c'est de commencer par la visite du centre d'accueil de Mancha Blanca. Après ça, ayant tout compris de l'histoire géologique des îles, on peut aller se tordre les pieds sur des chemins caillouteux, arides et noirs, et, rentrant au bateau un peu fatigués, en proie au doute sur l’intérêt d'une telle journée, découvrir les petits joyaux dont peu de guides parlent :

le travail d'agriculteurs sans doute un peu fous pour faire pousser de la vigne, des figuiers et même des légumes dans un désert de lave balayé continuellement par un vent salé : des hectares et des hectares de godets protégés par des murets de pierres.

Autre production agricole : des champs de cactus, plus exactement une variété de figues de barbarie. Pas seulement pour les figues, mais surtout pour y développer la cochenille qui entre dans la fabrication de teinture rouge. Toujours dans les trucs qui piquent : l'aloe vera. Ça pique un peu mais attention : ce n'est pas un cactus !! c'est une liliacée dont les propriétés bienfaisantes sont immenses !! Ça se boit, ça se passe partout, des pieds à la tête, ça soigne tout!!Et en plus, ça sens bon. En fait, l'aloé vera pousse plutôt sur Fuerteventura que sur Lazarote.

25 décembre : départ de Arrecife, cap au sud. En quelques heures nous atteignons le sud de Lanzarote. Pour une fois, nous allons échapper aux HLM pour bateaux(pas souvent LM) et prendre un mouillage.

Belle plages de sable blond : Papagayo. Pas de perroquet. C'est peut être la forme du cap qui a donné le nom. Nous étions au mouillage tout près du Taïlana que nous avions rencontré à Arrecife

et qui nous a offert là un beau départ de mouillage à la voile.

Le 28 décembre, une petite journée de navigation en partie sous spi avec un petit souffle qui nous a permis d'avancer tranquilou à 5 nœuds environ. Nous jetons l'ancre dans l'anse de Gran Tarajal au Sud Est de l'île de Fuerteventura. Gran Tarajal est un petit port agréable, tranquille, bercé et parfois bien agité par le vent d'Est qui amène avec lui son chargement de sable fin du Sahara.

Durant cette navigation de gros dauphins (dolfin mular) nous on accompagnés un instant . Ces dauphins sont impressionnants par leur taille (4 à 5 mètres,et de 400 à 500 Kg), leur grand aileron et leurs déplacements placides presque indolents sans bons ni sauts.

Vue de la mer, Fuerteventura et Lanzarote se ressemblent beaucoup : Même paysage de collines volcaniques désertiques, coulées de laves avec des palmiers, des plages de sable noir ou blanc.

En navigant entre les îles les navigateurs sont avertis par Navtex qu'un périmètre de navigation leur est interdit à proximité des îles en raison de prospection pétrolière. Cette zone se situe à environ 62 Km des côtes de Fuerteventura et 54 km de celles de Lanzarote. Pour les Canaries et principalement pour Lanzarote et Fuerteventura une prospection pétrolière est en cours, malgré une forte opposition de la population, du gouvernement des Canaries, des gouvernements locaux et des scientifiques. En 2012, le ministre de l'industrie décide de réactiver un décret royal de 2001 sur les prospections pétrolière des Canaries. Cette annonce reçoit l'aval du conseil des ministres et c'est ainsi que Repsol est autorisé à effectuer ses prospections ( autorisation de perforer jusqu'à 3 puits). Repsol propose d'installer sa base logistique sur les îles pour générer de l'emploi et réduire l'hostilité des îliens mais les Canariens n'en veulent pas et souhaitent un modèle d'énergie renouvelable.

L'île de Fuerteventura et son environnement marin ont été déclarés réserve de la biosphère par l'UNESCO en Mai 2OO9. Normalement grâce à ce statut les richesses naturelles tant terrestres que sous -marines sont soumises à une réglementation stricte les protégeant de toutes agressions. Hélas quand il s'agit d'enjeux économiques les priorités ne sont plus les mêmes.

La ville a décidée en 2012 d'embellir les murs «aveugles» de sa cité et de faire concourir divers artistes et c'est ainsi qu'au fil des promenades surgissent poissons , scènes maritimes, personnages humoristiques,animaux, bâtiments marins imaginaires… D'entrée on est surpris par ces peintures murales, on se questionne, on échange avec d'autres et puis on découvre l'origine de ces décors.

Dans la campagne environnante et même dans les jardins de nombreuses petites éoliennes de pompage sont en action. Elles sont toutes à peu près semblables et remplacent les moulins qui autrefois étaient bien plus nombreux car l'agriculture était plus présente.